Le Belge poursuit sa ruée vers l'eldorado espagnol
Quand on parle de résidence secondaire convoitée par les Belges à l’étranger, un pays revient sur toutes les lèvres : l’Espagne. Elle arrive loin devant la France et le Portugal. (Le Soir Immo, 4 avril 2019)
Avec les beaux jours qui reviennent, l’envie d’évasion reprend le dessus. Celui de devenir propriétaire d’un bien à l’étranger aussi. Et qui dit étranger dit en majorité... Espagne. Selon les statistiques officielles des bureaux d’enregistrement espagnols, 3.915 Belges ont acheté un bien en Espagne en 2017. « C’est près de 50 % de plus qu’en 2013 », explique Dirk Jacobs, propriétaire avec son épouse de Z-Yachting & Golf Estates, agence présente depuis 2001 à Torrevieja dans la province d’Alicante. « Je rappelle ici qu’en 2008, année de la crise qui a frappé l’Espagne de plein fouet, seuls 540 Belges avaient osé acheter. Aujourd’hui, le Belge est devenu le quatrième acquéreur d’immobilier espagnol (NDLR : 6,4 % de part de marché), après les Britanniques, les Allemands et les Français. L’année dernière, le nombre de Belges recensés en Espagne s’élevait à 30.914. »
L’agence Azull, autre spécialiste de l’immobilier ibérique, ne dit pas autre chose. « Quelque 2.200 Belges ont acheté une résidence secondaire au cours des six premiers mois de 2018, soit 9 % de plus qu’à la même période en 2017 », affirme ainsi la CEO Marleen De Vijt. « Si l’on regarde l’évolution sur dix ans, soit depuis le début de la crise de 2008, on constate que le record est battu chaque année. Pour 2008 (NDLR : les chiffres exacts pour l’année entière ne sont pas encore connus), on parle de 4.400 ventes...
Présent depuis 2010 avec son agence Zapinvest à Puerto de la Duquesa, non loin de Marbella, David Zapico, son patron, constate lui aussi le boom de l’immobilier espagnol pour les résidences secondaires des Belges. « Pour nous, 2018 a été exceptionnelle avec 265 biens vendus, contre 190 en 2017 », dit-il. « Ce qui est aussi frappant depuis quelque temps, et encore plus depuis le début de cette année, c’est l’augmentation du budget consacré à l’achat. Auparavant, le Belge dépensait entre 200 et 220.000 euros. Aujourd’hui, il débourse plutôt entre 300.000 et 350.000 euros. Et s’il dépense plus, ce n’est pas uniquement parce que les prix ont augmenté mais parce qu’il passe des séjours plus longs en Espagne et qu’il recherche donc plus de confort. La confiance dans le marché espagnol est elle aussi devenue plus grande. »
Une sacrée différence qui n’empêche pas certains de monter beaucoup plus haut en termes de prix. « À Altea, une région à 60 km au nord d’Alicante que l’on peut comparer à Knokke chez nous, les prix peuvent dépasser les 500.000, voire atteindre le million d’euros pour un appartement ou une très belle villa de luxe, avec piscine privée et tout le confort qu’on peut imaginer », avance Dirk Jacobs. « Mais le gros du marché se situe entre 80.000 et 200.000 euros. Dans ce segment, il y a encore de très belles affaires à saisir. »
Fort de son expérience depuis plus de 20 ans en Espagne, l’agence Hip Estates constate quant à elle une mutation au niveau des acheteurs. « Si les seniors ont longtemps dominé le marché, les jeunes familles belges font désormais la course en tête », affirme sa patronne Leen Vermeulen. « 56 % de nos acheteurs en 2018 avaient entre 25 et 45 ans. Ils achètent d’ailleurs souvent en groupe. Les couples investissent à plusieurs, par exemple avec des sœurs, des frères ou même des amis. »
Selon les acteurs présents sur place, les Belges, contrairement aux Néerlandais ou aux Britanniques, n’achètent pas seulement pour eux-mêmes, mais pour leurs enfants, petits-enfants et autres membres de la famille. Ils voient plus une résidence secondaire comme un placement à long terme.
Outre le climat et la vie (relativement) bon marché sur place, l’accessibilité est l’un des autres grands atouts du sud de l’Espagne. Malaga et Alicante ne sont qu’à un peu plus de deux heures d’avion. Depuis cette année, un autre aéroport s’est ouvert : celui de Corvera, à Murcie, sur la Costa Calida.
Au niveau du style de maisons (ou d’appartements) recherché par les Belges, la demeure andalouse semble avoir vécu. Aujourd’hui, le contemporain est privilégié de manière écrasante. « Depuis quatre ou cinq ans, les développeurs espagnols ont d’ailleurs radicalement changé le cap de leurs constructions », expose Dirk Jacobs. « Les bâtisses qui sortent de terre aujourd’hui sont modernes et minimalistes. Le blanc est partout. »
« Le neuf explose », confirme David Zapico. « Sur la Costa del Sol, on est passé de 30 % de constructions neuves en 2017 à 85 % en 2018, dans des promotions à l’étude, en cours ou qui ont déjà démarré. Et puisqu’on trouve déjà énormément de possibilités à partir de 160.000 euros, le Belge n’a plus vraiment de raisons de se tourner vers de l’ancien. » Sur la bande de côtes qui va d’Alicante à Marbella, les agents ont parfois une catégorie particulière d’acheteurs : ceux qui sont devenus propriétaires il y a une dizaine d’années et qui revendent leur bien (avec une belle plus-value) pour acheter plus grand et plus luxueux. D’ici quelques années, on peut donc s’attendre à retrouver sur le marché toute une série de biens anciens qui auront du mal à trouver preneurs. « On aura affaire à un patrimoine immobilier qui aura besoin de rénovation », confesse en effet David Zapico. « Mais attention, quand on dit ancien en Espagne, on parle de bâtiments qui ont 10 ou 15 ans d’âge maximum... »
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